2007
Cocktail Designers / Olivier VADROT
Monster garage
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A l’image des membres qui le composent, deux designers (Lionel Mazelaygue et Olivier Vadrot) et deux graphistes (Olivier Huz et Claire Moreux), Cocktail propose une série d’objets et de jeux graphiques dans l’espace de la Chapelle du Carmel à Chalon-sur-Saône du 3 au 30 janvier 2007.
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Depuis 2 ans, date de création du collectif, les quatre compères multiplient les expositions, utilisant ce format pour expérimenter et mettre à mal la devise moderne du Bauhaus : “la forme suit la fonction“. Ainsi, depuis leur première exposition à la galerie Roger Tator à Lyon jusqu'à leur plus récente à La Chaufferie à Strasbourg, les objets présentés empruntent le plus souvent leur forme à un autre : une coupe à fruit en forme de casquette, un portemanteau en trophée de chasse, une table d’enfant en automobile, etc. Ce jeu s’appuie sur un rapport des objets à l’espace bidimensionnel, par translation visuelle du volume à sa silhouette, et donc à son ombre (lien le plus évident entre l'espace réel, en trois dimensions, et celui du dessin). De formes simples, voire génériques, les objets se juxtaposent dans une mise en scène graphique (on retrouve des silhouettes peintes sur les murs), qui construisent du sens à la manière d'un rébus. Les bribes de narration formulées ici s’inspirent et s’inscrivent dans la lignée des expositions thématiques et des vitrines conçues par Charles et Ray Eames dans les années 50 à 70 où les objets présentés côtoient déjà leur ombre déformée et agrandie mais aussi des silhouettes de poissons ou d’oiseaux réalisées en papier découpé. Une atmosphère onirique et peuplée d’histoires où l’exposition ressemble à un grand déballage, à mi-chemin entre les réserves d’un musée (ou celle d’un magasin) et un théâtre d’ombres.
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Pour cette nouvelle exposition à la Chapelle du Carmel, Cocktail propose d'utiliser l'espace comme celui d'un atelier, d'un garage ou d'un sous-sol. Les travaux apparaîtront dans un état de finition suspect, ou seront le résultat de manipulations basiques à partir d'objets préexistants (custom). La fonctionnalité des objets se trouvant affaiblie, leur statut restera incertain : œuvre d'art, maquette (à l'échelle 1), prototype, décor?
Cocktail :
Lionel Mazelaygue (1969) et Olivier Vadrot (1970) sont designers.
Après des études à l'École d'Architecture de Lyon, ils travaillent comme assistants de l'architecte japonais Shigeru Ban, puis pour des artistes tels que Daniel Buren ou Thomas Hirshhorn. En 1999, dans un ancien appartement en rez-de-chaussée à Lyon, iIs créent la Salle de bains, un centre d'art qu'ils dirigent encore aujourd'hui. Ils collaborent depuis cette date sur de nombreux projets artistiques (scénographies, objets de design, commandes publiques, commissariats d'exposition, éditions).
Huz d'Olivier (1976) et Claire Moreux (1977) sont designers graphiques.
Ils ont étudiés à L'Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg; Ils travaillent ensemble dans les domaines de l'art contemporain et de la musique électronique, concevant des livres, des affiches, mais aussi des projets graphiques autonomes. Ils produisent également les disques expérimentaux du label de disque Aspic.
Depuis 2004, ils collaborent tous les quatre sous le nom de Cocktail dans un horizon large englobant art, design et graphisme.
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Vues de l'exposition
Pascal POULAIN
Red room
Pascal Poulain, né en 1972 à La Roche sur Yon, vit et travaille à Lyon.
Enseignant à l’Ecole d’Art Appliqué/Ecole nationale des Beaux-Arts de Lyon
Depuis 1998, Pascal Poulain développe un travail qui fait de la photographie un outil privilégié mais non exclusif. Il porte son regard sur les objets du quotidien et les paysages urbains qu’il recadre et « reformule » dans l’espace de ses images. Parallèlement, il conçoit des installations qui recouvrent les murs comme une seconde peau. Après avoir renoncé aux volumes en plaquant notamment un avion jaune vif sur les surfaces murales d’une galerie (182 RG Rapide, 2001), Pascal Poulain réalise des œuvres qui tendent vers la dissolution des formes et l’effacement des couleurs. Avec Yes (2002), des plaques de forex blanches se confondent avec le mur laissant à peine apparaître les lettres du mot « Yes ». Flirtant également avec les limites du visible et du sensible, ses Magazines (2005) envisagent un nouveau rapport au spectateur entre attraction et répulsion. La paire de fesses évoquée par la couleur chair du magazine ouvert joue sur les différentes mises au point possibles : du texte rendu illisible, à la forme sensuelle ou à l’œuvre sacralisée. Ses Devis (2001-2006) usent d’un langage très concret (des chiffres, des prix) pour projeter de manière ironique une image sublimée de la galerie. Présenté comme un support de fantasme, le devis retourne comme un gant les promesses du bonheur développées par les différents secteurs d’activité à l’ère marchande.
Keren Detton, Julie Pellegrin, Marie Cozette.
À la Chapelle du Carmel, la quasi-totalité de l’espace d’exposition est couverte de larges feuilles de papier rouge. Ces surfaces monochromes laissent entrevoir au fur à mesure de la déambulation dans la chapelle un motif gaufré sur le papier. Cette technique propre à l’imprimerie est ici réalisée de façon manuelle. Cette approche performative montre des petits pavillons standardisés. Démultipliés, ils envahissent, l’espace d’exposition.
De grands portraits s’interposent à cette ambiance colorée, et cette fois ci la performance se produit dans l’image photographique. Des individus font la netteté sur des mots découpés dans des feuilles de papiers. En effet c’est la lumière filtrée qui révèle à même le sol une sorte de rétrospective des slogans des différents partis politiques pour les élections présidentielles depuis 1965.
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Vues de l'exposition
Claude VIALLAT
Peinture / peintures
Claude Viallat est né à Nîmes en 1936.
Membre fondateur du mouvement Supports/Surfaces en 1969, son œuvre en incarne l’esthétique. Il en poursuit sans relâche l’expérimentation constitutive.
Son travail, terme que la théorie Supports/Surfaces oppose à art ou création artistique, est fondé sur la répétition d’une forme simple fonctionnant comme un logo. Mais la forme, soi-disant trouvée par hasard, dont l’apposition sur un support découlerait des jeux décoratifs de l’habitat méditerranéen, n’est pas indéfinie, comme on l’a trop dit ou trop écrit. Il s’agit d’une forme organique aux signifiés indéniablement anthropomorphiques. Son usage permet donc, la déconstruction du tableau en ses constituants matériels effectuée, de reprendre, comme à l’origine, le travail de la peinture, d’organiser la navette dialectique entre la pratique et la théorie.
C’est, depuis 1966, sur des supports de toile libre que ne structure plus un châssis que Claude Viallat appose sa forme. C’est la matière du support imprégné qui donne à la forme, en fonction de son tissage, de sa texture, un contour plus ou moins net, une intensité de ton plus ou moins forte.
L’art de Claude Viallat se caractérise par la somptuosité de la couleur qui l’impose comme l’un des grands coloristes de l’histoire de la peinture occidentale.
Les œuvres de Claude Viallat ont été exposées dans la plupart des lieux d’Europe, d’Amérique et d’Asie dédiés à la présentation de l’art moderne et contemporain, et figurent dans la plupart des grandes collections publiques et privées. Il a, en particulier eu une grande exposition au Musée National d’Art Moderne – Centre Georges Pompidou en 1982 et il a représenté la France à la Biennale de Venise en 1988.
Vues de l'exposition
Joël KERMARREC
Le temps, la durée, l’instant et aujourd’hui, ici.
Espace des Arts, Chalon-sur-Saône
En mars 2003, Art Image avait présenté à la Chapelle du Carmel à Chalon-sur-Saône une exposition de dessins de Joël Kermarrec. Le regard actuel sur la nouvelle figuration et les artistes qui se rattachent à ce mouvement, l’hommage à Joël Kermarrec, tenant de la Figuration critique, présenté en mai 2007 à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts à Paris, l’exposition de peintures de Joël Kermarrec organisée par le 19, Centre d’art contemporain de Montbéliard, a incité Art Image à s’inscrire dans cette série de manifestations consacrées à cet artiste et à reprendre en grande partie ces deux expositions : ardoises et dessins d’une part, peintures d’autre part.
Né en 1939 à Ostende, Joël Kermarrec vit et travail à Paris. Il a été jusqu’au début de cette année professeur à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts. Son œuvre est largement représenté dans les collections nationales et internationales.
Joël Kermarrec à travers ses peintures, dessins et photographies, mène une entreprise de mise en question des modes de représentation, d’appropriation et de symbolisation du réel. De ses origines ostendaises, il garde des connivences avec une tradition associant énigme, effroi et humour que l’on retrouve chez des artistes comme Ensor et Spilliaert mais avec un art de la séduction et de la déception, un usage de l’image et un mélange des genres qui le fait croiser le pop’art et le surréalisme. Il y a chez lui un sens de l’équivoque et du magique que seuls par ailleurs quelques artistes comme Sigmard Polke ou Michaël Buthe ont su travailler sans perdre l’acuité de leurs propos.
Philippe Cyroulnik
L’œuvre de Joël Kermarrec, comme celle de Klimt, de Pölke ou de Gasiorowski, est celle d’un fou de peinture, c'est-à-dire construite par une mise à la question du sens, d’un sens que le fou ne cesse «d’ouvrir», «d’opérer», de mettre en cause tout en continuant à vouloir le construire, en espérant le voir (illusion ou paravent ?) - un jour, un instant - grâce à l’image et la matière, se déployer comme un amoureux cherche son amour, sans a priori, sans bornes. L’amour n’est jamais vu, mais le «travail» de cet amour apparaît.
Olivier Kaeppelin
Vues de l'exposition à l'Espace des Arts
Olivier MOSSET
Commissaire d'exposition Olivier Vadrot
Né à Berne en Suisse en 1944. Vit et travaille à Tucson en Arizona aux Etats-Unis depuis 1977
Etudes d’art à Lausanne
Membre du groupe BMPT (Buren, Mosset, Parmentier, Toroni) en 1966-1967.
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Connu sur le plan international au moment de la fondation du groupe BMPT (Buren, Mosset, Parmentier, Toroni), Olivier Mosset s’inscrit dans la lignée des artistes conceptuels.
A son arrivée à Paris en 1966, il peint des toiles portant une ou plusieurs fois la lettre A multipliée à l’infini sur des toiles blanches qu’il expose au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Il créé cette même année au centre d’une toile blanche un cercle noir parfaitement neutre, mais dont la présence fait percevoir comme peinture un objet visuel minimal. Il répétera quelque deux cents fois ce cercle qui, répété de toile en toile, prend valeur de logo.
Tout son travail par la suite se déploiera à travers l’abstraction géométrique et le monochrome, instaurant une méditation ininterrompue pendant plus de 40 ans sur le devenir de la peinture aujourd’hui qu’il définit davantage «comme de la couleur appliquée sur une toile». Lorsqu’il s’installe à New York en 1977, il peint des monochromes – rouges, oranges, roses, verts, veillant toutefois à ce que les paramètres, dimensions, tons, varient d’une toile à l’autre.
Témoin privilégié de l’évolution des problématiques artistiques contemporaines, Mosset se situe parallèlement dans la postérité de la peinture géométrique abstraite et il est l’un des seuls peintres européens à s’être immédiatement situé dans la postérité de la grande peinture abstraite américaine. Analyse critique de la peinture, toute son œuvre, d’une grande cohérence, est une réflexion sur les questions de signature, d’appropriation et de répétition.
Pour la Chapelle du Carmel, Olivier Mosset a réalisé une installation où deux grands monochromes au plafond sont associé à la présentation au sol sur une estrade d’une moto customisée à la manière de Jackson Pollock, manière de faire entrer sa passion de motard dans un jeu fulgurant avec l’histoire de l’art, imaginant de transformer aux yeux du public la Chapelle du Carmel en Chapelle Sixtine de l’Art contemporain.
Pour Olivier Mosset, « C’est dans les yeux du spectateur qu’est l’Art… Ce sont les autres qui font l’œuvre ».
Vue de l'exposition
Martine LAFON
Jeux et quête
C’est à travers la collection Campana et l’histoire d’une robe que le Rouge s’est installé dans le travail de Martine Lafon. C’était en 1997, ce qui correspond tout juste aux dix ans du livre d’artiste intitulé La Robe Rouge, réalisée avec Esther Mœnch, alors conservatrice du musée du Petit Palais d’Avignon.
Si le rouge n’occupe pas la totalité de la démarche de l’artiste, il y a toujours gardé une place majeure à travers l’estampe et la photographie, l’édition de livres d’artiste, et autour de thèmes qui ont fait l’objet de mises en espace particulières - celui de la Passion, au musée d’art sacré du Gard, à la bibliothèque patrimoniale d’Ajaccio ou dans des églises désaffectées
Elle aime aussi poser le rouge dans la nature à travers des installations comme à la Bambouseraie d’Anduze pour les 150 ans du site ou dans le parc du musée du textile de Wesserling où l’on passa tant de temps à améliorer le difficile Rouge d’Andrinople.
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Enfin, dit-elle « quand on se penche sur cette couleur et quand on la situe dans les bois et les prés, on peut difficilement oublier le Petit Chaperon Rouge dans ses versions les plus diverses, des plus cruelles aux plus ludiques, des plus espiègles aux plus moralisantes pour servir la bonne cause de vertus initiatiques. »
Vues de l'exposition