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2013

Adélaïde FERIOT

Adelaïde Feriot

Sans bruit, parfois avec fracas

Née le 08 Juin 1985. Vit et travaille à Paris.                          

 

L’exposition s’est construite sur l’observation des jeux d’ombres et de lumières qui parcourent l’espace de la chapelle, le vitrail et les éléments architecturaux se réfléchissant sur les murs au fil du jour jusqu’à disparition.

Les rosaces colorées des vitraux renvoient par exemple au kaléidoscope, sculpture optique réalisée pour l’exposition, qui se réfléchit aussi sur le mur.

La rampe d’éclairage produit son jeu d’ombres et produit des dessins pouvant rappeler les lignes de force d’une composition picturale. Ces lignes de forces structurent la sculpture performée le soir du vernissage par cinq figurants qui reproduisent brièvement la scène de jeu peinte sur l’éventail qui introduit l’exposition (La partie).

Ce tableau vivant recompose la scène de badminton et son action qui, délogées de son support d’origine - l’image -, cède et s’effondre dans l’espace d’exposition.

En résulte une sculpture qui devient autonome et énigmatique.

 

La vidéo « Les figures » décrit en 3 plans successifs un glossaire de figures en ombres chinoises qui se révèlent et se lisent lentement, introduisant une autre manière d’écrire avec la lumière. Cela renvoie bien sûr à la photographie, mais aussi aux objets qui utilisent la lumière pour produire des formes, tel le kaléidoscope.

 

Les nuages (Captures) renvoient eux à la temporalité de ces modulations, à la lente mobilité du ciel, quasi imperceptible.

Cette dimension temporelle s’inscrit aussi dans la Visée, qui joue sur l’ambiguïté entre stabilité et équilibre du jeu d’échasses.

Les échasses sont une sorte de prothèse qui augmente et prolonge le corps. Il en va de même pour les cônes (Nez) qui sont à la fois sculptures et masques de visées quand ils sont utilisés pour des poses (cf. le Belvédère, 2012), ce que le profile en feutrine cite comme mémoire d’une autre temporalité.

Aussi les gants et les nez rappellent que cet ensemble de pièces, images et sculptures, se construit autour d’un corps qui menace d’apparaître ou de se dérober à nouveau, sans bruit, parfois avec fracas.

Du portrait impassible au portrait impossible

Tout « fait image » dans les œuvres d'Adélaïde Feriot. Qu'il s'agisse de ses tableaux vivants (une dizaine à ce jour) ou de ses transferts (une technique d'impression autrement appelée « sublimation »), il est toujours question de cerner une image, de la saisir dans un temps suspendu ou de la faire émerger dans sa matérialité.

e faisant, l'artiste opère deux mouvements contradictoires. Prenez « The Observer », tableau vivant présenté dans sa version finale à l'occasion de la Fiac 2011 suite à une invitation de la Biennale de Belleville. Sur « scène », une jeune femme pose, accoudée à une table sur laquelle sont disposées des photographiques mutiques de fragments de corps. Rigide, emmuré, son visage est un masque de cire que rien ne vient perturber hormis sa propre horloge interne et un battement de cils incontrôlable. La performance bascule du côté de l'image iconique et devient, ainsi, intouchable.

A l'inverse, dans ses transferts et notamment dans cette dernière petite peinture à la palette rose poudrée qu'elle présentait lors de son exposition personnelle à la MV Gallery, Adélaïde Feriot engage un véritable corps à corps avec une image qui résiste et n'a de cesse de se défiler. Le motif, une fillette aux yeux fermés affublée d'un appareil dentaire, se dérobe derrière les passages répétés des impressions. « Face à l'omniprésence des images, au « tout visible » de rigueur aujourd'hui, j'aime l'idée que l'image ait du mal à apparaître ou à se révéler » confie ainsi l'artiste en même temps que l'improbable recette de sa « cuisine interne » pour la réalisation de ses transferts graciles. Cette cuisine, à entendre au propre comme au figuré puisque cette jeune artiste travaille littéralement dans l'espace exigu de sa cuisine, fait partie intégrante du processus qui sous-tend la nature même des images.

De la même façon, la récurrence de certains motifs (instruments, prothèses, tuteurs et autre fragments corporels) font écho à la fabrique de ses images et aux contraintes plastiques et conceptuelles avec lesquelles elles composent. On pense alors à l'œuvre délicate autant que dérangeante de l'autrichien Markus Schinwald qui dans ses toiles (petites toiles de maître chinées et customisées) et ses sculptures, met en scène des corps prolongés par des extensions physiques. Chez Adélaïde Feriot aussi l'on retrouve la présence incongrue de quantité d'appendices (prothèse dentaire, collerette géante, pinces demoiselle, manchettes, gants et attaches) qui astreignent les corps et les déplacent sur le versant de l'image et de la représentation mentale plutôt que sur le terrain d'une sensorialité.

Claire Moulène, mars 2012

 

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La lumière et les jeux colorés des vitraux de la chapelle font écho aux images que produisent à l'infini les kaléidoscopes*.

Des images lumineuses et colorées se font et se défont lentement sous nos yeux, puis soudainement, le déplacement brutal d'un des éléments précipite la lente modification de la rosace.

Adélaïde Feriot

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* Le kaléidoscope est un tube de miroirs réfléchissant à l'infini et en couleurs la lumière extérieure. Le nom de ce jouet vient du grec, kalos signifie « beau »,eidos « image », et skopein « regarder ». Certains modèles contiennent des fragments mobiles de verres colorés, produisant d'infinies combinaisons de jolies images.)

Adélaïde Feriot, L'hésitation, 2012.

Adélaïde Feriot, L'hésitation, 2012. 
©Laurent Friquet / Centre Pompidou

La partie, 2013.  Fragment d’éventail.  Cet objet est le point de départ de la sculpture portée « sans bruit parfois avec fracas », qui inspire la composition que les modèles recomposent à l’ouverture de l’exposition.  Point focal tout autant que discret,  © Gerald Petit

La partie, 2013.

Fragment d’éventail.

Cet objet est le point de départ de la sculpture portée « sans bruit parfois avec fracas », qui inspire la composition que les modèles recomposent à l’ouverture de l’exposition.

Point focal tout autant que discret,    © Gerald Petit

Le kaléidoscope, 2013.  Bois, verre, masking tape, miroir, acier. 45x38x110 cm.  © Gerald  Petit

Le kaléidoscope, 2013.

Bois, verre, masking tape, miroir, acier. 45x38x110 cm.

© Gerald  Petit

La Visée, 2013.  -  Echasses, feutrine, 200 x 80 cm.  © Gerald Petit
Sans bruit, parfois avec fracas, 2013. Sculpture portée, six figurants, bois, peinture, plâtre, 30’.               © Gerald  Petit

Sans bruit, parfois avec fracas, 2013. Sculpture portée, six figurants, bois, peinture, plâtre, 30’.             

© Gerald  Petit

La Visée, 2013.  -  Echasses, feutrine, 200 x 80 cm.   © Gerald Petit

Les gants, 2013.  -  Argile auto-durcissante,  © Gerald Petit

Les gants, 2013.  -  Argile auto-durcissante,  © Gerald Petit

Nez, 2012.  -  Cire, 60x22 cm . © Gerald Petit

Nez, 2012.  -  Cire, 60x22 cm . © Gerald Petit

Stéphane Lallemand

Stéphane LALLEMAND

Maîtres anciens

Né à Épinal, 1958 ; vit et travaille à Strasbourg

Diplômé de l’École des Arts Décoratifs de Strasbourg en 1984 (sculpture). Travaille de manière minimale des matériaux de récupération bruts issus du bâtiment. Débute en 1989 sa série « Télécran ». Se retire en 1993 de la scène artistique pour se consacrer à d’autres activités telles que la réalisation de dessins animés et le développement multimédia. Entreprend, en 1999, plusieurs nouvelles séries de travaux, photographiques cette fois, faisant se rencontrer les techniques anciennes des « primitifs » de cette discipline et la pratique contemporaine d’internet, en utilisant notamment les images crues qui y circulent parfois, arrière-petites-filles de celles qu’on échangeait sous le manteau il y a plus d’un siècle (séries des « Dessins photogéniques », des « Fruits défendus » et des « Chardons ardents »). Dans un tout autre registre, il signe en 2006 le Mémorial de la Paix installé devant le Centre Mondial de la Paix à Verdun.

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Entre 1989 et 1993, Lallemand entreprend de recréer, non sans habileté et une certaine dose d’ironie, environ cent cinquante œuvres d’art (et images pornographiques !) sur Télécrans, ces jouets d’enfants inventés quarante ans plus tôt qui permettent de tracer des dessins à l’aide de deux boutons latéraux déplaçant un curseur-marqueur. Parmi elles figurent dès 1989 la Grande Odalisque et le Bain turc, une seconde version du célèbre tondo datant de 1992. Après avoir sculpté des poutres de sapin, des blocs de grès ou de béton coulé, l’artiste accepte volontiers, voire recherche, le caractère possiblement éphémère de ses productions. Avec leur apparence dérisoire, ses œuvres nient gaiement la sacralité afférente aux chefs-d’oeuvre qu’elles reformulent et se plaisent à contredire l’idée de pérennité qui devrait leur être attachée. Sur le mode de la provocation, Lallemand teste ou, plutôt, responsabilise spectateurs, galeristes et collectionneurs : car, un Télécran en main, le moindre geste brusque ou inadapté suffit à détériorer irrémédiablement son œuvre.

Les questions du rapport à l'image, de la virtuosité, de l'appropriation et de la diffusion soulevées par cette série -tout comme l’intérêt qu’il porte à Ingres !- se retrouvent dans les photographies récentes de l’artiste : en 2007, en effet, poursuivant son travail sur la représentation du corps féminin érotisé et se confrontant au modèle vivant pour la première fois, ce dernier recrée en atelier quatre célèbres nus du maître : quand une jeune femme pose, le temps d’un cliché, dans l’attitude impossible de l’Angélique, une autre arbore un effrayant et monumental tatouage de colonne vertébrale digne d’un film de science-fiction et reçoit la mission de camper tour à tour la Baigneuse Bonnat, la Valpinçon et, bien évidemment, la fameuse Grande Odalisque aux vertèbres surnuméraires. L’année suivante, Lallemand donne sa version de La Source, de la musicienne du Bain turc et de l’Odalisque à l’esclave, se mettant lui-même en scène dans le rôle de… non pas de l’eunuque mais l’esclave musicienne.

Dimitri Salmon

Collaborateur scientifique de conservation

au département des Peintures du musée du Louvre

Grande odalisque, 2007, tirage lambda sous diasec, 120 x 163 cm  © Stéphane Lallemand

Grande odalisque, 2007, tirage lambda sous diasec, 120 x 163 cm

© Stéphane Lallemand

Danae, 2007, tirage lambda sous diasec, 120 x 154 cm  © Stéphane Lallemand

Danae, 2007, tirage lambda sous diasec, 120 x 154 cm

© Stéphane Lallemand

La baigneuse de Valpinçon,2007, tirage lambda sous diasec,  106 x 160 cm. © Stéphane Lallemand

La baigneuse de Valpinçon,2007, tirage lambda sous diasec,

106 x 160 cm. © Stéphane Lallemand

L'Olympia, 2009, tirage lambda sous diasec, 120 x 175 cm  © Stéphane Lallemand

L'Olympia, 2009, tirage lambda sous diasec, 120 x 175 cm

© Stéphane Lallemand

Vénus d'Urbino, 2009, tirage lambda sous diasec, 120 x 175 cm  © Stéphane Lallemand

Vénus d'Urbino, 2009, tirage lambda sous diasec, 120 x 175 cm

© Stéphane Lallemand

Jean-Marc Scanreigh

Jean-Marc SCANREIGH

Stations du noir

Enseignant à l’Ecole des Beaux Arts de Nîmes

Né en 1950  Vit et travaille à Nîmes

La couleur noire s’est invitée chez moi il y a une trentaine d’années lors d’un virage stylistique contre l’exclusivité de la couleur. Mon travail a gagné en complexité grâce aux apports de la sculpture et de la gravure, cette dernière faisant la part belle à l’encre noire (linogravure, xylogravure, lithographie). La rudesse des outils et des matériaux dont je me suis emparé pour ces nouvelles disciplines ont fait tenir debout au sens propre et au sens figuré ma nouvelle pratique. J’intitule ce projet d’exposition pour ART IMAGE Stations du noir, un titre qui joue bien entendu sur la polysémie du mot station.

On y entend halte, arrêt, on y entend verticalité, position qui exige la rigidité, le dur, l’antithèse du tissu sans armature comme le sont mes grandes bâches. Antithèse également à la souplesse du papier qu’il soit gravé ou dessiné, tout comme le noir s’oppose à la couleur qu’il envahit comme l’obscurité.

Dans cette exposition, je propose de remonter à ce qui a été pour moi la station de la gravure dans mon parcours, qui peut aussi se comprendre comme l’étape d’avant l’impression des supports. Paradoxalement ne pas montrer de gravures mais s‘arrêter un instant sur leurs matrices, ces objets que le graveur noircit pour imprimer – et qui esthétiquement n’ont rien à envier aux impressions auxquelles ils servent. Si le constat n’a rien d’exceptionnel, ces matrices sont pourtant des uniques qu’on a tendance à délaisser ou détruire après usage comme le scénario s’efface devant le film.

Présenter des matrices de gravures pour ce qu’elles sont c’est-à-dire du bois entaillé et noirci, c’est aussi convoquer les fantômes du bois sculpté des lieux consacrés… où figurent en bonne place les stations du chemin de Croix.

Si l’espace de la Chapelle du Carmel s’est déjà laissé envahir par mes stèles de papier en 2006, ici l’offensive sera plus massive et l’expérience pour le spectateur très différente. Il s’agit en effet d’obstruer l’espace, de l’obscurcir par des élévations dépassant la taille humaine. Ces panneaux ondulent dans l’espace, ils se donnent à voir recto verso dans des variations où les noirs l’emportent sur la couleur ; ils obligent au contournement et à une déambulation sinueuse ; ils font par instants écran aux murs, comme des colonnes, l’ordinaire architectural des édifices religieux, lieux qui de plus en plus sont désaffectés pour être réaffectés à l’art… qui, lui, n’a pas vocation de l’oublier.

Jean-Marc Scanreigh

vue de l'exposition
vue de l'exposition
Jean-Marc Scanreigh lors du montage de l'exposition
vue de l'exposition

Vues de l'exposition

Christophe Meyer

Christophe MEYER

Danse avec les loups

dessin représentant deux loup
Jean-Marc Weber lors du concert donné à l'Eglise de Cortiambles
dessins de loups accrochés à l'intérieur de l'Eglise de Cortiambles
Loup dessiné sur un  dvd et inscription DANSE AVEC  LES LOUPS

Né le 28 décembre 1958 à Colmar (Haut-Rhin). Vit et travaille à Strasbourg,

Artiste peintre depuis 1985.

Études à lʼUER dʼArts Plastiques, Strasbourg. Maîtrise dʼArts Plastiques obtenue en 1983, «Corps, simulacre et modèle».

Halle ronde 71640 Givry 

Pour cette exposition Christophe Meyer a présenté différents travaux  récents : des peintures, réalisées sur des supports conventionnels (toiles sur châssis), des dessins et des gravures, exécutés sur des matériaux qui semblent hétéroclites (sacs en papier, tourets, disques compacts, disques 45 tours et 33 tours, objets autrefois désirés et maintenant désuets et abandonnés sont gravés à coups de dents incisives et deviennent des matrices palimpsestes.).

 

Église de Cortiambles 71640 Givry

Dans ce lieu la face B de l’exposition, Christophe Meyer a placé de grandes bâches telles des linceuls qui claquent aux vents, des palettes de transport peintes, un très grand dessin de loups réalisé sur le lieu reprenant les stries d’une des portes de l’église. 

Cette exposition fut accompagnée d’un concert électroacoustique, le 16 juin à 18 h de :

 

Jean-Marc WEBER

Parallèlement à un cursus scientifique et littéraire aux universités de Nancy, Jean-Marc WEBER a étudié la musique électroacoustique et l’informatique musicale au Centre Européen pour la Recherche Musicale-Metz, les cours d’analyse et de composition instrumentale au CNR de Metz. Lauréat de concours internationaux de composition, il a écrit de nombreuses œuvres de commande pour support, mixtes et instrumentales. Il dirige depuis 2002 le Pôle son et enseigne la composition en musique électroacoustique au Conservatoire à Rayonnement Régional de Chalon-sur-Saône.

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Expositions réalisées grâce au soutien de : La Ville de Chalon-sur-Saône - Le Grand Chalon - Le Conseil régional de Bourgogne - La Ville de Givry - L’association de Sauvegarde de l’église de Cortiambles ASDEC et L’Animation en Côte chalonnaise A2C

Vues de l'exposition

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